Qui a déjà arpenté les ruelles de Venise a certainement pensé acheter un souvenir en verre de Murano. Pas forcément une œuvre d’art… mais un bijou, un coupe-papier ou un vase peut-être. La tradition du verre, on connaît. On connaît ? Le musée Maillol nous présente l’art de cette île de la lagune dans son histoire et dans son actualité.
Depuis le Xème siècle, les verriers de Murano ont exploré cette matière jusqu’à lui donner l’aspect de la porcelaine ou de la pierre. Ils ont développé des techniques permettant de rendre le verre opaque (le lattimo), de lui donner une apparence brisée (grâce au choc thermique produit en plongeant la forme brûlante dans de l’eau froide), de le faire passer pour des émeraudes ou des rubis. Sous leur inspiration, il a pris les formes les plus originales (on l’a même vu incrusté dans des meubles) et les couleurs les plus vives… (jusqu’au kitschissime !). Mais avec la chute de la République (1797) et la domination autrichienne, les verriers de Murano sont concurrencés par ceux de Bohême, et plongent dans une période de déclin. Heureusement, la production rebondit dans la seconde moitié du XXème siècle, grâce au développement de la production industrielle et du design. Des artistes imaginent des créations et les font exécuter grâce à la maestria des verriers de Murano. C’est là, selon moi, le clou de l’exposition.
On restera médusé par la compression de bouteilles de Coca-Cola (César), amusé par le Poïkilotherme (Shen Yuan), touché par Il Bacio (Luciano Vistosi) ou par la Graine de Vie (Marie-Laure Viébel, en collaboration avec le maître-verrier Gianni Seguso). Le verre, un pur contenant pour l’imagination.
Par Delphine Labbaye,
Jusqu’au 28 juillet Musée Maillol – 61 rue de Grenelle- 75007 Paris 11 euros l’entrée (application Ipad 3,59 euros)Crédit Photos : Delphine Labbaye