Embrasser Venise en une seule vue, d’une lumière italienne ou d’une lumière d’exil, voici la balade que vous propose Canaletto (1697-1768) dans la ville qui l’a vu grandir.
Des esquisses de palais à des représentations de l’église Santa Maria de la Salute, en passant par l’escalier des Géants… le musée Maillol offre la représentation théâtralisée d’une civilisation qui touche à sa fin, celle d’une République presque millénaire, qui ne sait pas qu’elle mourra sous les coups de Napoléon à la fin du siècle.
Mais nous sommes dans l’Europe des Lumières, celle de Rousseau et de Voltaire, et c’est bien cette lumière, nette et crue, qui parcourt l’œuvre du peintre. Elle a été traduite par une chambre optique. Cet instrument, comme un appareil photo, reflète les images sur un miroir pour en saisir les contours. Déjà, avant lui, à en croire Tracy Chevalier (La jeune fille et la perle) Johannes Vermeer l’utilisait. Ici et ailleurs, on perçoit que Canaletto fut un pont entre la peinture flamande aux compositions figées dans leur netteté, et les impressionnistes- qui, les premiers, posèrent leur chevalet dehors.
Qu’importe que Canaletto ait moins peint dans la lagune que sous les ciels de la londonienne Tamise ! C’est bien la majesté de la Sérénissime qu’il représente ici au musée Maillol. Car ses œuvres, réalisées pour des voyageurs amoureux de Venise, ont contribué à entretenir la magie des lieux, que fouleront bien plus tard Alfred de Musset, Georges Sand, Ernest Hemingway… et vous, peut-être…
Canaletto à Venise Jusqu’au 10 février 2013 Musée Maillol – 61 rue de Grenelle- 75007 Paris 11 euros l’entréePost by Delphine Labbaye